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« AUX ARMES, CITOYENS DU MONDE »

Ce prince très francophile a été l'un des premiers à présenter ses condoléances au président et au peuple français au lendemain des attentats de Paris.


INTERVIEW 
réalisée par 
Vincent MEYLAN

Point de Vue
du 21 au 27 janvier 2015

Reza Pahlavi : «AUX ARMES, CITOYENS DU MONDE »

Reza Pahlavi est le fils aîné du dernier Shah d'Iran.
Il est aussi le président du Conseil national iranien qui rassemble une partie des opposants à la République islamique.
Vivant en exil depuis 1979, ce prince très francophile a été l'un des premiers à présenter ses condoléances au président et au peuple français au lendemain des attentats de Paris.
Il a suivi les images de la manifestation du 11 janvier à la télévision depuis Washington où il réside. Il nous a confié ses réactions devant cet événement historique.

Propos recueillis par Vincent Meylan

Reza Pahlavi vit aujourd'hui en exil à Washington. Son père, le dernier Shah d'Iran, a été chassé du pays par une Révolution islamique en 1979.
  
Comment avez-vous réagi en voyant les images des manifestations extraordinaires qui se sont déroulées à Paris et dans toute la France ?

Ce qui m'a frappé, c'est la réaction d'un peuple. Les Français se sont instantanément unifiés, rassemblés. C'était d'autant plus impressionnant que ce rassemblement a trouvé un écho aussi important dans le monde entier.
C'est peut-être la bonne nouvelle qui suit cette série d'assassinats intolérables. Le monde s'est réveillé devant ce qu'il considère à juste titre comme une atteinte fondamentale envers l'une de ses libertés les plus importantes : la liberté d'expression.

Hélas, et nous venons d'en avoir la démonstration tragique, il existe aujourd'hui des individus — je ne sais pas vraiment quel nom on peut leur donner — qui pensent que l'on peut tuer au nom d'une opinion ou d'une croyance.

Je le dis depuis des années et je le répète encore, il n’y a pas de compromis possible avec des personnes qui commettent ce genre de meurtre ou des régimes politiques qui les encouragent. Il est impossible de négocier avec des groupes soi-disant religieux qui envoient, comme ce fur le cas au Niger, des petites filles de 7 ou 8 ans, le corps bardé d'explosifs, au milieu d'un marché pour tuer le plus de personnes possibles. Cela ne peut plus durer. C'est une déclaration de guerre.
  
Quelle réponse apporter au terrorisme ?

Il ne faut plus rien laisser passer. Se montrer intransigeant pour neutraliser autant que faire se peut ces individus. Il y a des terrains de prédilection pour le recrutement des kamikazes. Nous le savons. Les personnes les plus susceptibles de se laisser convaincre viennent souvent de milieux défavorisés. Ils sont peu éduqués.

Mais il y a un autre facteur. Aujourd'hui, les réseaux islamistes recrutent aussi dans des milieux éduqués. Une évolution sans doute liée au rejet profond des pays occidentaux qui existe dans certaines parties du monde musulman. Ces pays passent, le plus souvent à tort, mais parfois aussi avec quelques raisons, pour des nations égoïstes qui ont profité des richesses des autres.

Une politique de lutte radicale contre les extrémistes ne suffira pas si elle n'est pas accompagnée d'une politique internationale d'entraide sincère et désintéressée qui permettra aux pays qui le souhaitent de développer leur économie, leur richesse et le bien-être de leur population.

Nous n'y arriverons pas demain, il faudra peut-être même plusieurs générations, mais nous ne réussirons pas sans cela. Dans ce but, il est fondamental que les gouvernements et les citoyens soient unis, au-delà des clivages politiques. La masse des comportements individuels peut influencer les décisions du gouvernement. Et c'est l'une des très belles choses que nous avons vue dimanche à Paris. Près de 50 chefs d'État et de gouvernement descendus dans la rue pour se joindre, symboliquement bien sûr, à des millions de citoyens, c'est tout de même un symbole d'espoir.
Vous avez envoyé une lettre de condoléances au président français, en saluant « le droit à la satire et à la caricature liées à l'image de la France ». Ces critiques du pouvoir ou de la religion sont-ils des éléments essentiels de la démocratie ?


La liberté d'expression dans sa globalité est un élément non négociable de la démocratie. Mais j'ai envie d'ajouter qu'il est important, lorsque nous l'avons, que nous l'utilisions. Il existe une plaisanterie iranienne un peu sombre qui résume ce que je vais vous expliquer. Les Iraniens qui vivent en Iran, disent souvent : « Nous avons la liberté d'expression. Ce que nous n'avons pas, c'est la liberté après l'expression. » En Occident, nous avons les deux.

Et je trouve dommage que la réponse à la propagande extraordinaire qui est faite par les extrémistes religieux, notamment sur les réseaux sociaux, soit souvent aussi pauvre. II faut lutter contre cette propagande, en la contrôlant et même dans certains cas en l'interdisant, mais il faut aussi lui répondre au lieu de la répéter comme nous le faisons en prenant des airs choqués.
Dans ce domaine aussi nous pouvons faire mieux que ce que nous avons fait jusqu'à présent. Les médias dont vous faites partie et qui sont la première ligne d'expression des peuples démocratiques ont un rôle pédagogique à jouer dans ce combat.
  
Dans cette même lettre de condoléances, vous faites allusion à la communauté musulmane française. Comment cette communauté peut-elle réagir face à ce qui se passe aujourd'hui?

Il v a un formidable défi à relever pour les musulmans modérés, non seulement de France, mais du monde entier. Cela doit se faire à l’échelle internationale. Ce mouvement est déjà en marche dans certains pays comme l'Egypte ou la Tunisie ou l'on voit bien les résistances à la fois de la société civile et du pouvoir face aux volontés des extrémistes religieux.

Le meilleur exemple que l'on puisse donner aujourd'hui est celui du pape François. Ecoutez ses propos et comparez-les à ceux que l'Inquisition tenait il y a quelques siècles. Cela permet de mesurer le parcours qu'a fait I'Eglise catholique. C'est la même religion, mais avec une voix différente. Et c'est exactement ce qui se devrait se passer dans le monde musulman.

La première déclaration des droits de l'homme a été faite en Mésopotamie il y a des siècles. Les valeurs de démocratie ne sont pas plus incompatibles avec l'islam qu'elles ne l'étaient hier avec le christianisme.
Vous avez été Prince héritier d'Iran, vous vivez en exil depuis trente-cinq ans, vous observez le phénomène de l'islamisme et du terrorisme depuis plus de trente ans, comment avons-nous pu laisser se développer ce monstre ?

Lorsque j'étais enfant, tout cela n'existait pas. Il n'y avait pas de contrôle dans les aéroports parce qu'un fou pouvait avoir envie de se faire exploser en plein vol dans le fauteuil devant vous. Je crois hélas que nous nous sommes habitués. La violence est devenue banale et nous ne l'avons pas vue grandir.

Je me souviens très bien de la première fois où j'ai découvert les photos d'un attentat. Je devais avoir 7 ou 8 ans, et j'ai feuilleté un journal dans la chambre de ma mère. Il y avait eu une explosion à Paris et un policier avait eu un bras arraché. J'en ai fait des cauchemars pendant des jours. Ces photos m’avaient bouleversé.
Aujourd'hui, on ne peut plus ouvrir un journal sans découvrir des images épouvantables, l’horreur s'est banalisée. Nous sommes arrivés à une situation où les morts violentes ne nous choquent plus.
Vous-même vous vivez depuis des années avec la menace terroriste, des fatwas qui ont été lancées contre vous et des membres de votre famille. Comment s'habitue-t-on ?

Personne ne s'habitue à vivre avec une menace, mais les menaces font partie de notre vie quotidienne. A partir du moment où vous sortez de votre maison, vous prenez le risque d'être écrasé par une voiture dans la rue. Il est possible de faire les choses intelligemment en s'efforçant de minimiser la prise de risque. Personnellement, je n'ai jamais voulu, ou jamais pu être indifférent.

Jamais je n'aurais imaginé que je verrais dans ma vie des petites filles se faire exploser vivantes dans des marchés, alors que des hommes bien à l'abri appuient sur le détonateur. C'est une horreur absolue.

Et peu importe les dangers, nous avons tous le devoir de prendre nos responsabilités, de nous opposer. Personne ne le fera à notre place. Je ne veux pas léguer à mes enfants un monde de peur.

Les gouvernements seront impuissants si les citoyens ne s'engagent pas.
Pour paraphraser votre Marseillaise, j'ai envie de dire à tous :
« Aux armes, citoyens du monde ! »
  
Cliquez sur l'image de la lettre
pour pouvoir y accéder.